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Le grand-père de Maman : Thomas Demèglio est né à Stora en 1858 peu après l’arrivée de ses parents en Algérie. Sa famille venait comme la plupart des émigrés italiens de la région de Naples. Le trajet effectué sur des palangriers, des barques de pêches à voiles, avait dû être bien périlleux. Dés lors, la baie de Philippeville constitue un lieu de choix pour tous ces chercheurs de vie meilleure et la fécondité de la rive Méditerranéenne les comblait tout particulièrement.  Les privilégiers, propriétaires des bateaux, retrouvaient  bien vite leur métier de pêcheurs .tous pourtant n'ont pas la chance de posséder une barque italienne et certains sont évidemment contraints de délaisser Stora pour arpenter une campagne moins hospitalière!.

Mes aïeux racontaient que  père et  mère faisaient des fagots et, qu’à dos de mulet puis, plus tard avec une charrette, ils les transportaient d’un village à l’autre, passant ainsi des semaines entières hors de chez eux pour gagner quelques sous. Les débuts ne sont pas faciles , chacun vit de petits métiers.

Notre Thomas, plus exactement «Tomasin Matsol » ainsi dénommé par ses amis se maria avec sa cousine germaine, Marie-Thérèse Diméglio et, dans les environs des années 1880, il réussit grâce  à cette union à acquérir ce que l'Etat voulu bien lui octroyer:   une partie des broussailles de la ferme Challéat au lieu dit de la Carrière Romaine, Route des jardins, à quatre kilomètres de Philippeville.

adresse_Thomas.JPG (16205 octets)Thomas devenant propriétaire d'une parcelle de terre jusqu'alors à l'abandon  n'aura alors de cesse que de la faire fructifier. Il s'y emploie corps et âme et, pour accroître les chances de gagner son pari il n'essaime pas que dans les champs!  Son épouse en 1887 a déjà trois enfants et décède en essayant de mettre au monde des jumeaux. Ses enfants : Christine, Françoise et Henri sont encore jeunes et il épouse en seconde noce mon arrière-grand-mère, Maria Joséphine Colatrella , une jeune italienne qui s'occupait  des petits lorsque Marie-Thérèse travaillait au champ.

Pour Thomas, les enfants représentaient les bras nécessaires pour améliorer la terre; il n'avait alors qu'un seul fils...
Il en eut encore trois:  Laurent, Raphaël et François... et aussi deux filles, Rosine et la petite dernière, Alphonsine, qui devint mon inébranlable Mamie.
C'est vrai, il faut bien reconnaître que ses calculs s'avéraient assez corrects puisque ce fut le dernier de ses fils, François qui s'accrocha des années plus tard à ce lopin de terre sauvé des broussailles.

 Il fallut nettoyer pour planter arbres et légumes permettant de nourrir la famille. La vigne devient cependant vite l'élément essentiel du domaine! Les femmes aidaient beaucoup aux champs car les hommes faisaient toujours de menus travaux en ville pour rapporter un peu d’argent ou juste du pain.
 La vie était un combat permanent et les épreuves ne manquaient pas. Le siroco, les sauterelles, les maladies n'épargnaient personne.

La ferme se situe au-delà des allées Barrot, sur les hauteurs de Philippeville derrière le stade et notre petite rivière du Saf-Saf . Elle ne s'étend que sur quelques quatre hectares, mais , elle constitue un inestimable trésor.
De notre habitation en ville, au sixième étage des H.B.M., nous avions une vue imprenable sur la carrière romaine pourtant, même avec une bonne lunette nous n'apercevions aucun corps de bâtiments des fermes disséminées sur les coteaux...
Pour s'y rendre on doit, du port traverser toute la ville en empruntant la rue Georges Clémenceau. On arrive alors sur la place du 3éme Zouave, qui s'ouvre sur un V . On délaisse alors  sur la droite la route du faubourg de l' Espérance qui mène à Saint-Charles pour nous diriger vers  de longues et larges allées bordées de  palmiers . On quitte ensuite la route principale menant au stade, au champ de courses et à l'aérodrome pour s'engager à droite sur une petite route qui se transforme vite en un chemin tout juste carrossable.

C'est par ici que devaient passer tous les petits cultivateurs de la "Carrière Romaine"

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                                    Les allées Barrot  et derrière, la carrière romaine.                          

 Si le sol devient alors  caillouteux , l'air abonde  de senteurs épicées les plus savoureuses et subtiles. Le soleil et la proximité de la mer jouent un rôle capital sur l'atmosphère  qui nous enveloppe et nous vivifie immédiatement. La campagne vibre à l'unisson, dans un miroitement de couleurs et un fourmiement de pépiements innombrables.

Ferme Diméglio route des jardins.jpg (7896 octets)Voilà au détour de la grimpette ,le marabout, petit mausolée où l'esprit d'un Saint homme, un hadg musulman, repose qui indique bien que nous sommes sur la bonne voie. Des rideaux de figuiers de Barbarie arborant de larges palettes vertes couvertes d'épines protectrices, de frêles jujubiers et des buissons de câpriers jalonnent le parcours. Et nous voici au terme du voyage, Une petite maison sans prétention abritant une famille pleine d'ardeur et de vaillance et,. une vue imprenable s'offre à nos yeux. Le spectacle est impressionnant. Il y a  Philippeville, blottie au creux de deux vallons et , la nature. Au loin règne la végétation  sauvage , envoûtante, enivrante, buissonneuse, épineuse et regorgeant de gibiers plus ou moins attrayants… et plus proche, réside le resultat de l'ouvrage de l'homme: des terrains entretenus avec amour, sagesse et persévérance qui recèlent des trésors de produits délicieux aux saveurs incomprables… .

 Maman, bébé, à la mort de son père lorsqu'elle n'avait que neuf mois avait rejoint, avec sa jeune maman de vingt ans, la ferme familiale, propriété des Demeglio. C'était dans ce petit domaine qu'elle avait fait ses premiers pas et qu'elle avait grandi.
    Thomas Deméglio en 1928 partait à la chasse d'une drôle de bestiole qui dévorait à pleines dents ses belles tomates... Grande fut sa surprise lorsqu'il découvrit que l'animal en question était tout simplement sa petite fille Paulette qui ne savait pas encore marcher mais qui était assez dégourdie pour se déplacer à quatre pattes et mordre le fruit gorgé de fraîcheur à même la plante!
Un charpardage aussi ingénieux prenait ses fondements dans la générosité de cette terre transformée par le labeur de cette famille d'origine italienne habituée aux rudes chaleurs.

Philippeville, propriété Deméglio.jpg (14361 octets) Et puis, comment oublier le temps sacré des vendanges où  la convivialité, l'amitié et la serviabilité en cette période battait son plein!
Le travail était rude dans ces coteaux escarpés mais la région vibrait à l'unisson et tous les petits cultivateurs engrangeaient les grains gonflés de soleil et dégoulinant de nectar parfumé. Chacun possédait pressoir et cuve de dimension certes fort modeste mais suffisantes pour produire un breuvage quasiment divin.

Le travail sur les hauteurs de Philippeville demande non pas un doux farniente mais un acharnement quotidien sans comptabilisation d'heures... Chaque semaine un long déplacement s'avère incontournable pour l'échange des denrées et les courses en ville passent par un dur et pentu chemin  où brinquebalent tous les sacs chargés sur la charrette tirée par la brave mule indispensable à tous les agriculteurs de la région. Mais, personne ne se plaint et chacun travaille du mieux qu'il peut.

En Algérie, beaucoup de petits colons ne rencontraient leurs concitoyens qu'une fois par semaine, le jour du marché. Le reste du temps, ils ne côtoyaient que ceux qui travaillaient avec eux en parlant souvent autant l'arabe que le français! Dans les années d'avant guerre que de joie pourtant dans ces coteaux... On avait coutume de se réunir tantôt dans une ferme, tantôt dans une autre pour rire et chanter...  danser une belle  Tarentelle italienne... et savourer de délicieux sousamiels**...

La mule et la charette de Tonton François.jpg (8181 octets)
C'était là-bas la vie de Thomas et celle que plus tard mon oncle, François avaient choisi. Chaque jeudi du haut de notre immeuble on apercevait la charrette conduite par la fidèle mule stationnant aux abords de la caserne Mangin . C'était le jour des courses  , et l'occasion de gôuter au tumulte de  la ville !

 Croyez-moi cet équipage n'avait alors qu'une hâte.... :
Regagner les coteaux de la si délicieuse Carrière Romaine...
       

 

François Deméglio avec sa petite nièce Gislaine et sa nièce Georgette

 

 

**Les Sousamiels , sont des gâteaux secs d'origine du Sud de l'Italie, à base de mélasse. La recette se trouve sur le site de Suzette.  
                                                                                 Essayez.... Saut dans le passé assuré!                                                           Sousamiels

                                                       

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